Dans une équipe du Cameroun qui possède déjà un Team manager et un Coordonnateur des sélections nationales, son rôle d’agent de liaison est flou. Il avait été nommé par son ami, le ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi, qui avait apporté des aménagements sur un décret du président de la République. Une incongruité camerounaise.
La scène peut paraître surréaliste. Il y a quelques jours, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Seidou Mbombo Njoya a eu une sérieuse prise de bec avec Ferdinand Makota, l’agent de liaison de l’équipe nationale de football du Cameroun. Peu avant la prorogation du contrat d’Antonio Conceicao, comme entraîneur sélectionneur des Lions indomptables, le 27 août dernier, le président intérimaire de l’instance faitière du football camerounais a cru bon de convoquer dans son bureau une réunion préparatoire à la signature dudit contrat.
Des membres du staff technique des Lions prennent part à cette séance de travail. Seidou Mbombo Njoya a convié le Directeur technique national (DTN) Serge Noah, qui était simplement de passage à la Fecafoot, d’assister également à ces travaux. Une ingérence selon Ferdinand Makota qui d’un ton courroucé a rappelé à Serge Noah que la DTN du football camerounais n’a absolument rien à voir avec les équipes fanions. Une outrecuidance qui a totalement déplu Seidou Mbombo Njoya, qui est sorti de son flegme habituel : « pour qui te prends-tu pour choisir qui je dois convier à une séance de travail dans mon bureau ?»
Cet épisode vient davantage édifier sur la personnalité de Ferdinand Makota. Un ancien agent de joueur, prétentieux et très imbu de lui. C’est son ancien camarade du Lycée de Bonabéri, devenu entre-temps ministre des Sports et de l’éducation physique qui un soir du 5 octobre 2019 l’a propulsé au-devant de la scène. Narcisse Mouelle Kombi au grand mépris du décret du président de la République de septembre 2014, qui réorganise les sélections nationales de football du Cameroun, a créé un poste, sur mesure, d’agent de liaison au sein des Lions indomptables, avec à la clé un salaire mensuel confortable de 4,5 millions de F CFA.
Si le décret du président de la République ne prévoit nulle part le poste d’agent de liaison, c’est parce qu’il y est prévu dans l’organigramme de fonctionnement des Lions indomptables, sur le strict plan administratif, deux fonctions aux tâches bien définies : Team manager consacré en ce moment à Salomon Olembé et coordonnateur des sélections nationales qu’occupe Bill Tchato.
Conflit d’intérêt
Dans la tanière des Lions, Ferdinand Makota est omniprésent. Il parle peu, mais écoute tout. Étant l’un des rares camerounais qui connaissait Antonio Conceicao avant qu’il ne débarque au pays de Samuel Eto’o, le technicien portugais lui fait une confiance aveugle. Profitant de son passeport français, il effectue de nombreux va-et-vient (missions) entre la France et le Cameroun. Faisant ainsi de l’ombre à Bill Tchato et Salomon Olembé.
Il s’exprime souvent dans les médias pour évoquer les démarches qu’il entreprend auprès des binationaux. D’ailleurs, le 2 février 2020, sur les antennes de Canal 2 international, il avait affirmé qu’il est hiérarchiquement supérieur au coordonnateur des sélections nationales. Une attitude qui lui avait valu une demande d’explication de Benjamin Didier Banlock, l’ex-secrétaire général de la Fecafoot.
Du parcours du Franco-camerounais Ferdinand Makota, on sait peu de choses. De son cursus académique ou de ses compétences comme manager, seul le Minsep peut en savoir. Il nous revient seulement à l’esprit qu’il fut joueur de Dragon de Douala au début des années 80, même cuvée que Jacques Songo’o, qui fut également son camarade au Lycée de Bonabéri. A la fin de sa carrière de footballeur, il s’est installé à Saint-Etienne, en France, embrassant le métier d’agent de joueur.
Un profil d’agent de joueur qu’il n’a jamais véritablement quitté. Pas étonnant donc que l’on retrouve au sein des Lions indomptables en ce moment des joueurs de niveau très moyens. Ferdinand Makota aide ces derniers à bonifier leur CV, afin d’améliorer leur valeur marchande. Son ami ministre, professeur agrégé de droit, peut-il y déceler un conflit d’intérêt ?